IV] L’OFFICINE DU FUTUR
La pharmacie d’officine est en pleine mutation. Il existe de nombreuses évolutions possibles en ce qui concerne la pratique officinale. Il semble donc intéressant de présenter ici deux modèles imaginés pour les " 50 ans du MONITEUR DES PHARMACIES ".
A] LE LIBRE SERVICE PHARMACEUTIQUE : Bernard COUSIN
" Dessine-moi l’officine du futur " : 50 ans du Moniteur des Pharmacies
On peut imaginer que dans 50 ans, notre conception du temps sera différente, aussi bien pour les horaires de travail que pour les heures d’ouverture des commerces. La pharmacie devra certainement s’adapter à cette nouvelle donne. Ce projet propose la mise en place d’espaces de retrait des médicaments en " libre-service ". Associés à l’officine ou autonomes, ils permettent de retirer les médicaments prescrits ou non par un médecin. Ce mode de distribution leur évite les problèmes de files d’attente, d’heures d’ouverture limitées. Il permet même de ne plus avoir à instaurer un service de garde . A l’intérieur, les bornes interactives assurent la délivrance des médicaments et offrent au client la possibilité d’entrer en contact avec son pharmacien.
Mode d’emploi :
Pour ne pas perdre l'aspect précieux du conseil lors de la délivrance, le client se voit offrir la possibilité d'entrer en contact direct avec le pharmacien lorsqu'il a besoin de renseignements particuliers ou confidentiels. On peut encore enrichir le concept en proposant au client les mêmes services depuis son domicile.
Le pharmacien lui-même n'est plus obligé d'être constamment présent au sein de son ou ses officines. Il peut, de chez lui, non seulement dialoguer avec ses patients, mais encore régler divers problèmes avec ses fournisseurs, ses confrères ou les autres professions de santé. Via le visiophone, un médecin en consultation peut l'appeler pour obtenir des précisions sur les traitements du patient qu'il a en face de lui, évitant ainsi d'éventuels problèmes d'interactions. Il peut régler directement les litiges éventuels avec les assureurs, preuve papier en mains, sans avoir à quitter son fauteuil.
Autre possibilité offerte par le système : ouvrir un site Internet de commande de médicaments. Le pharmacien satisfait alors pleinement sa clientèle "internaute". Il peut là aussi louer des visuels publicitaires apparaissant sur l'écran en fonction des demandes des clients et inclure dans son choix toute une gamme de produits de parapharmacie.
Grâce à des techniques informatiques poussées, la gestion des sites est largement facilitée, le pharmacien connaît à toute heure du jour et de la nuit l'état précis de son stock. De plus, tous les problèmes de sécurité et de vol sont résolus.
Nous sommes conscients que ce concept de pharmacie peut paraître inquiétant. Pourtant il ne met pas en péril la profession de pharmacien mais lui offre de nouvelles perspectives : gestion facilitée, télétravail... Ce type de service intervient en complément de l'officine, de la même façon que, pour les banques, les distributeurs n'ont pas signé l'arrêt de mort des guichets. Non seulement ils existent toujours, mais, de plus, l'automatisation permet de rendre certaines tâches moins répétitives.
Mais il faut surtout retenir le principal avantage de l'utilisation maximale d'outils existant déjà: dans ce premier projet, le pharmacien élimine la plupart des tâches fastidieuses. Il dispose ainsi de plus de temps pour se recentrer sur l'essence même de son métier : l'écoute et le conseil de qualité. Pour les clients, le service de proximité n'aura pas disparu, au contraire. Le monde est si petit ...
Ce projet est résolument futuriste, et même " décoiffant " comme le dit la rédaction du Moniteur. Même s’il semble que celui-ci comporte effectivement de nombreux avantages : gain de temps pour le client, élargissement des heures d’ouverture … affirmer que le conseil lors de la délivrance, la proximité et le contact du pharmacien seront conservés semble illusoire. Ce qui fait la force du Pharmacien, c’est son écoute et sa disponibilité. Ce projet ne paraît applicable que s’il vient en complément des services déjà offerts par les pharmaciens.
B] LA PHARMACIE SUR LE WEB : JACQUES SEGELA
" Desine-moi l’officine du futur " : 50 ans du Moniteur des Pharmacies
Pourquoi Pas ? L’Internet a débarqué dans l’univers de la santé, c’est d’ailleurs l’un des points positifs du RSS. L’offre en matière de serveurs ne cesse de progresser mais elle est encore peu adaptée. Tous les officinaux peuvent dorénavant intégrer ce nouvel outil dans leur pratique quotidienne. Pour communiquer à l’aide du courrier électronique (E-mail), pour se former et s’informer. Ce courrier électronique est sans doute le service Internet le plus simple et le plus utilisé. Il est possible par ce biais de demander un catalogue, des brochures, la visite du commercial d’un laboratoire … Nous en sommes aujourd’hui qu’aux balbutiements. Demain, il sera possible de passer ses commandes et de consulter la disponibilité des produits commandés en temps réel sur le serveur du grossiste.
C’est justement ce que propose l’OCP grâce à son serveur OCP-Point. Celui-ci se décompose en quatre principaux chapitres :
Enfin, OCP point est un site fédérateur de santé, il met donc à disposition des pharmaciens une base de données sur les principaux sites médicaux français et internationaux.
En conclusion, il est bon de rappeler que si l’Internet est un formidable espace de liberté, il ne faut pas pour autant oublier les règles élémentaires qui s’appliquent aux pharmaciens en ce qui concerne la publicité. Les sites de pharmacie sont sous surveillance. Au Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens, on estime que dans la mesure où Internet est un média comme les autres, les pharmaciens qui réalisent un site Web doivent respecter le code de déontologie. Ils peuvent faire de l’information mais en aucun cas de publicité . A ce jour, il n’y a pas de jurisprudence concernant Internet et l’officine.
©Lp : L'INFORMATIQUE A L'OFFICINE A LA VEILLE DU TROISIEME MILLENAIRE - 02.07.1999